A Clairval, le projet « une balade en EHPAD » invite les résidents à investir pleinement leur lieu de vie

« L’architecture de l’Ehpad Clairval est fonctionnelle, mais nous avions besoin d’apporter de la chaleur et des éléments sensibles pour que les résidents s’y sentent mieux. » explique Sandy Guillaume, psychomotricienne et coordinatrice de l’équipe de rééducation.

Au sein des unités Talançonne de l’Ehpad Clairval (Hôpital de Trévoux), la crise COVID-19 et ses longues périodes de confinement ont mis en évidence un sentiment éprouvé par les résidents : celui de vivre davantage dans un lieu de soins que dans une résidence partagée.

 « Les espaces communs étaient peu fréquentés par les résidents, et cette situation s’est renforcée durant la crise. En conséquence l’isolement de certaines personnes dans leur chambre, même après le confinement, est devenu problématique » poursuit Sandy Guillaume. « Le projet une balade en Ehpad est né de notre volonté de changer les choses. »

Un audit auprès des résidents et des professionnels a permis d’identifier des freins concrets à la fréquentation des espaces communs : une architecture uniforme et un manque de repères pour s’orienter, peu de lieux attractifs dans les étages, peu de prétexte à se promener. Entre crainte de se perdre, sentiment de ne pas être à sa place et absence de proposition intéressante, bon nombre de résidents choisissaient de rester dans leur chambre.

Transformer les lieux avec les résidents

Entre 2021 et 2024, des aménagements au sein de deux unités ont redonné envie aux résidents de se déplacer, de se rencontrer, et d’habiter pleinement leur lieu de vie. « Nous avons travaillé avec des résidents, des professionnels soignants, de rééducation et d’animation. Nos objectifs étaient clairs. Nous voulions recréer du lien social entre résidents et avec les équipes, faciliter l’orientation dans les services, favoriser les visites des familles et investir les espaces communs en cohérence avec les activités proposées. »

« Une balade en EHPAD » a été pensé comme une redécouverte voire une découverte des lieux. Les résidents ont défini les thématiques de chaque espace, choisi les noms, les couleurs, les illustrations… pour créer une ambiance résidentielle chaleureuse et familière.

Evoquer la mer, la montagne ou la campagne

Aujourd’hui les couloirs d’une unité évoquent la mer, la montagne ou la campagne. Chaque intersection est dotée d’un fléchage clair et ludique qui rend les déplacements plus simples et plus agréables. Les différents lieux sont désignés comme dans un village : café du village, terrain de pétanque, restaurant… Loin de l’univers exclusif du soin, ces dénominations invitent aux échanges, aux jeux, aux conversations.
Sur les plafonds, les ciels en trompe l’œil offrent une sensation d’espace et une bonne raison de lever la tête pour les observer.  

A l’extérieur, d’immenses fresques réalisées par l’artiste Sophie Edouard courent le long des terrasses. Elles offrent un paysage de plantes, de légumes, de fleurs habité par des chats et des oiseaux.

L’ensemble des aménagements réalisés contribuent à ralentir la perte d’autonomie physique des personnes et soutiennent les capacités cognitives. « Ils ont une portée thérapeutique importante » souligne la psychomotricienne. « Par exemple, ils permettent de cultiver la mémoire des lieux, d’entretenir la capacité des personnes à s’orienter sans crainte. »

Ce projet, dans lequel les résidents jouent un rôle central, est un exemple concret de ce qu’un Ehpad peut être : un lieu de vie accueillant qui se transforme avec celles et ceux qui y vivent et y travaillent.

Ce projet a mobilisé de nombreux acteurs et a reçu le soutien de la Fondation Henri Babouin-Jaubert générations solidaires, du Fond ACEF, de la Fondation des hôpitaux, de la Fondation d’entreprise Caisse d’Epargne Rhône Alpes, du Lions Club Trévoux et de l’association Soleil d’Automne.